Top 3 des livres de Mathias Enard

Parmi la multitude d'écrivains français récents avec le prestigieux Goncourt sous le bras, Mathias Énard il peut être le plus polyvalent et surprenant. Avec le plus mutable dans ses parcelles, totalement magistral dans le fond et la forme Pierre Lemaître.

Enard nous parle d'histoire, d'apprentissage, de métissage culturel, d'écologie..., sa vision critique imprègne chacun de ses romans, fournissant ce fond sociologique qui élève toute proposition de fiction à une catégorie plus grande, à la morale la plus répandue à travers les scènes où le récit se déplace.

En plus de ces intentions teintées de sociologie, Enard est capable de tout encadrer dans une action vivante intensément humaniste. Le fardeau psychologique de ses personnages et leur exposition à des situations transcendantes finissent par nous entraîner sur des chemins insondables.

Et on s'accroche aux limites de concepts aussi graves que la mort ou la culpabilité, mais aussi à la gravité de l'amour ou de l'espoir, malgré tout, avec une littérature si profonde qui finit par se frayer un chemin entre des pôles opposés. Des extrêmes qui ont plus de sens dans la contradiction qui secoue ses personnages telles les girouettes que nous sommes tous.

Top 3 des romans recommandés de Mathias Enard

Parlez-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Un grand succès en 2010 en France et arrive maintenant en Espagne avec la validité des œuvres impérissables. Une bonne création vieillit toujours bien.

Une chronique fulgurante sur un épisode confiné dans l'oubli : les aventures de Michel-Ange à Constantinople Renaissance, qui sert aussi d'extraordinaire réflexion sur la création, les passions de l'artiste et le point de convergence de deux civilisations.

En débarquant à Constantinople le 13 mai 1506, Michel-Ange sait qu'il défie la puissance et la colère de Jules II, pape guerrier et pauvre payeur, en abandonnant la construction de son tombeau à Rome. Mais comment refuser l'invitation du sultan Beyazid, qui, après avoir rejeté le dessein de Léonard de Vinci, lui propose de concevoir un pont sur la Corne d'Or ?

C'est ainsi que débute ce roman, intimement lié à l'histoire, qui part d'un événement réel puis tente de percer les mystères de ce voyage. Bouleversante comme la rencontre de l'homme de la Renaissance avec les beautés du monde ottoman, précise et ciselée comme une pièce d'orfèvrerie, Parlez-leur de batailles, de rois et d'éléphants c'est le portrait d'un artiste dans sa splendeur et, aussi, une fascinante réflexion sur l'acte de créer et le sens d'un geste inachevé vers l'autre rive de la civilisation.

A travers la chronique de ces semaines oubliées de l'histoire, Mathias Enard esquisse une géographie politique dont les doutes continuent de nous hanter cinq siècles plus tard.

Parlez-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Boussole

L'authentique n'est pas l'Occident. Toute ville de notre monde a depuis longtemps cessé d'avoir une personnalité. Un sentiment poussiéreux d'uniformité commerciale recouvre les grandes villes et il est difficile de retrouver cette authenticité qui ne reste de plus en plus que pour le peuple, pour les habitants des villes grises.

Dans son appartement viennois, alors qu'il commence à neiger sur la ville, le musicologue de renom Franz Ritter évoque tout ce qu'il a vécu et appris alors que ses pensées s'envolent vers Istanbul, Alep, Palmyre, Damas ou Téhéran, lieux qui ont marqué sa biographie intellectuelle et sentimentale. .

Durant cette nuit blanche, amis et amours, musiciens et écrivains maudits, voyageurs et femmes aventureuses d'origine et de destination incertaines défilent dans son esprit, tous touchés par le charme du Moyen-Orient. De toutes, c'est Sarah qui occupe ses pensées les plus profondes : Franz est amoureux de cette femme depuis vingt ans, avec qui il partage une relation intense marquée par les voyages et la culture orientale.

Mérite le prestigieux Prix ​​Goncourt, ce roman nocturne enveloppant et musical, d'érudition généreuse et d'humour doux-amer, est un voyage et une déclaration d'amour, une recherche de l'Autre en nous et tendre la main pour construire un pont entre l'Orient et l'Occident, entre hier et demain, dans ce présent si fragile pour les deux mondes. Enard rend hommage « à tous ceux qui, partant pour le Levant ou l'Occident, sont tombés dans les réseaux de la différence au point de s'immerger dans les langues, les cultures ou les musiques qu'ils découvraient, se perdant même parfois corps et âme ».

Boussole

zone

Une grande partie des romans d'Enard ont un point historiographique vers le littéraire. L'idiosyncrasie, l'évolution culturelle, voire les guerres, tout apparaît toujours motivé dans les écrits qui restent, qu'ils soient vainqueurs ou déjà vaincus en quête de leur plus belle revanche.

Un roman aux accents mystérieux qui devient enfin une présentation fascinante des enfers d'ici et d'ailleurs, de l'Occident et de l'Orient, égalisant la condition humaine et mettant en lumière la création, l'artistique comme seule chose qui puisse être sauvée.

Par une nuit décisive, Francis Servain Mirkovíc prend le train de Milan à Rome pour vendre une mallette pleine de secrets à un représentant du Vatican et, si tout se passe comme prévu, changer de vie. Jusqu'à présent, il a été agent secret de la Zone, qui a commencé en Algérie et s'est progressivement étendu aux pays du Moyen-Orient. Quinze ans à traiter avec des criminels de guerre, des agitateurs, des terroristes et des trafiquants d'armes, avec des intermédiaires et surtout avec lui-même, plongé dans le cycle enivrant de la violence.

Le train démarre, et avec lui commence une longue phrase qui avance sans peine, un courant de conscience qui explore l'espace et le temps pour exhumer les vestiges des guerres méditerranéennes. Au rythme du cliquetis du train, l'auteur esquisse le souvenir de cet espion dans l'esprit duquel les bourreaux se mêlent aux victimes, l'héroïsme à l'anonymat, mais aussi les peintres et les lettrés aux amitiés et aux amours ratés.

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Autres œuvres recommandées de Mathias Enard

Le banquet annuel de la Confrérie des Fossoyeurs

L'Espagne vide est plutôt l'Europe vide ou encore le monde vide, tournant le dos à ce que nous devions nous débarrasser des derniers vestiges d'humanité intégrés à l'environnement. Et ainsi de suite. Connaît bien un Mathias Énard ce qui a rendu cette intrigue acide ainsi qu'une critique mélancolique et lucide de l'avenir de notre civilisation. Ou peut-être juste un échantillon fascinant de ce que nous étions hier et aujourd'hui nous ne pourrions plus être.

Pour travailler sur sa thèse de doctorat sur la vie à la campagne aujourd'hui, le l'ethnographe David Mazon a quitté Paris pour s'installer pendant un an dans un village reculé entouré de marais sur la côte ouest de la France.

Tout en surmontant les malaises du monde rural, David prend contact avec les habitants hauts en couleur qui fréquentent le café-colmado pour les interviewer. Ils sont dirigés par Martial, le maire fossoyeur, et l'hôte du traditionnel banquet des membres de la Confrérie des Fossoyeurs.

Dans cette fête gargantuesque où vins et gourmandises côtoient légendes, chants et disputes sur l'avenir du service funèbre, la Mort leur offre curieusement trois jours de trêve. Le reste de l'année, lorsque la Faucheuse s'empare de quelqu'un, la Roue de la Vie renvoie son âme dans le monde, dans un temps futur ou passé, en tant qu'animal ou en tant qu'être humain, pour que la Roue continue de tourner .

Dans ce roman splendide et aux multiples facettes, qui combine de grandes dose d'humour et l'érudition bien connue de l'auteur, Mathias Enard exhume le passé mouvementé et les trésors de sa France natale à travers le dernier millénaire de son histoire, mais sans perdre de vue les peurs contemporaines et avec l'espoir d'un demain où l'être humain être en harmonie avec la planète.

Le banquet annuel de la Confrérie des Fossoyeurs
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